Kawsak Sacha : La forêt vivante comme sujet de droit

Une déclaration inédite des peuples indigènes de l’Amazonie

En juin 2018, dans les hauteurs de la Cordillère andine en Équateur, les peuples originaires réunis autour de Sarayaku ont proclamé le concept de Kawsak Sacha : « la forêt vivante ». Cette déclaration historique incarne une vision radicalement différente de notre rapport à la nature : la reconnaissance de la forêt comme un être vivant, doté de droits propres.

Kawsak Sacha : une vision du monde enracinée

Dans la langue kichwa, kawsak signifie « vivant » et sacha, « forêt ». Ce concept ancestral ne décrit pas une ressource, mais une entité vivante, consciente, dotée d’un esprit. Selon cette vision, arbres, rivières, montagnes, animaux et esprits sont des êtres relationnels, interdépendants et porteurs de savoirs.

Cette cosmologie s’oppose frontalement à la logique extractiviste et marchande. Pour les peuples racines, le territoire n’est pas un bien, mais un lien sacré.

Une réponse à la violence pétrolière et minière

La déclaration de Kawsak Sacha naît dans un contexte de pressions croissantes sur les territoires indigènes : exploration pétrolière, concessions minières, monocultures industrielles, projets d’infrastructures.

Les signataires — principalement des représentants des peuples kichwa de Sarayaku, Sapara, Shiwiar, Achuar — dénoncent :

  • l’absence de consultation libre, préalable et éclairée,

  • la destruction irrémédiable des êtres spirituels et des équilibres du vivant,

  • la mise en danger de la vie communautaire, des langues, des médecines traditionnelles.

Un appel à la reconnaissance juridique

Kawsak Sacha n’est pas seulement une proclamation spirituelle. C’est une revendication politique : les peuples réclament que leurs territoires soient juridiquement protégés sur la base de cette vision. Ils proposent ainsi un nouveau statut juridique pour leurs terres : Territoires de la Forêt Vivante.

Ce statut inclurait :

  • l’interdiction totale de l’extractivisme,

  • la reconnaissance des savoirs ancestraux comme patrimoine immatériel,

  • la valorisation des pratiques culturelles vivantes (chant, guérison, rites…),

  • la gouvernance autonome des peuples sur leur territoire.

Pourquoi cela nous concerne tous

La vision de Kawsak Sacha interpelle notre propre rapport au monde. Elle propose un changement de paradigme : passer de l’exploitation à la cohabitation, de la propriété à la relation, de la domination à la réciprocité.

C’est un appel à :

  • repenser le droit à partir des relations entre humains et non-humains,

  • intégrer des épistémologies non occidentales dans les débats environnementaux,

  • soutenir les peuples racines comme gardiens actifs de la biodiversité mondiale.

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